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mardi 17 janvier 2017

La ferme des 1000 vaches : La chasse aux écologistes se poursuit : Le procès de l'agricultrice retraitée Dominique Henry.



Voici l'histoire et le témoignage de Dominique Henry qui refuse d'être fichée avec les criminels pour son action de lanceuse d'alerte.
Pour commencer un extrait d'article de France info- Franche Comté évoquant  son procès tenu le 12 janvier 2017 suivi par son témoignage.
Article complet ICI




La militante Dominique Henry très soutenue pour son audience au tribunal
Dominique Henry, agricultrice du Haut-Doubs retraitée, était convoquée ce jeudi au tribunal correctionnel de Montbéliard pour refus de donner son ADN. La militante est impliquée dans le démontage de la ferme des mille vaches en 2014 dans la Somme. Un comité de soutien s'est constitué autour d'elle.
Par Florence Cicolella

 
"Syndicalistes, parlementaires, membres d'associations ou simples citoyens, ils sont nombreux à soutenir Dominique Henry. Réunis au centre social Jules Verne de Montbéliard puis en cortège vers la cité judiciaire, ils plaident pour la militante de la confédération paysanne, devenue en Franche-Comté le symbole de la lutte pour une agriculture respectueuse de l'environnement, des bêtes et des hommes.

En mai 2014, cette agricultrice de Grand' Combe-des-bois, dans le Haut-Doubs, aujourd'hui à la retraite, participe au démontage de la ferme des mille vaches dans la Somme. Une action non violente mais illégale. La justice la condamne à quatre mois de prison avec sursis, transformés en 2015 en 3 000 € avec sursis. Dominique Henry obtient même avec ses trois camarades le statut de "lanceur d'alerte".

Mais la justice veut prélever son ADN pour l'inscrire dans un fichier national. Dominique Henry refuse. Les gendarmes du Russey reviennent à la charge en mai dernier. Mais rien à faire, la militante ne veut pas figurer aux côtés des criminels et délinquants, et ce pour les quarante années à venir. "Il s'agit d'une action syndicale assumée, pour le bien commun, qui ne justifie pas un fichage national. Cela rappelle les heures les plus sombres de notre histoire", s'explique Dominique Henry.

C'est la position qu'elle a défendu à 14 h devant le tribunal correctionnel de Montbéliard. La Procureur a réclamé 1 000 € d'amende pour cette infraction, refus de se soumettre à un prélèvement biologique. La décision a été mise en délibéré au 19 janvier."



 


Exposé des faits...



Dominique Henry était l'une des cinq gardés à vue suite à l'action de l'usine des 1000 vaches, elle nous livre son témoignage.

Quand j'ai entendu parler de cette action à l'usine des 1000 vaches, je n'ai pas hésité. Cet endroit où 1000 vaches et 750 veaux et génisses seront enfermés en permanence me donne la nausée...

Dominique Henry à sa sortie de garde à vue       :                                                          Le projet imaginé par M. Ramery ( entrepreneur en BTP déjà patron de 3500 salariés) prévoit de produire de l'électricité à partir d'un immense méthaniseur alimenté par le lisier, le fumier, des résidus de céréales et autres végétaux. Le méthane libéré par la fermentation alimente un générateur électrique d'une puissance équivalente à 25 éoliennes. Le courant sera racheté par EDF. Encouragé par les primes, le méthane agricole est un nouvel agro-business. Le lait n'est qu'un sous-produit du lisier, du lait low cost, vendu à moins 20% du prix du marché.

Un projet démesuré, aux conséquences environnementales et sociales inadmissibles, pour le profit d'une seule personne ( M. Ramery fait partie des 350 personnes les plus riches de France ). Antidémocratique. Le maire de Drucat, le village concerné, est contre ; les villageois ont monté une association pour défendre leur cadre de vie (Novissen). Les villageois ne peuvent se faire entendre ; les agriculteurs, prônant une agriculture paysanne créatrice d'emplois et fournissant des produits de qualité, sont mis au rebut.  Il est temps de provoquer un débat public sur l'orientation de l'agriculture dans notre pays. Action.

Mercredi 28 mai au petit matin, nous sommes une soixantaine motivés à nous approcher des immenses bâtiments. Démonter, dévisser, déboulonner, ne rien casser bien sûr. Tout reste sur place sauf une partie du matériel qui doit être remis à Stéphane Le Foll qui déjeune le jour même à la Villette (Paris) avec Ségolène Royal. Un groupe part assez rapidement dans ce but.

Un ouvrier arrive, agressif. Bien sûr, c'est son outil de travail. Certains essaient en vain de discuter. Les journalistes arrivent, plusieurs d'entre nous sont interviewés. Les forces de l'ordre ne tardent pas et vont directement vers 4 personnes pour relever leur identité. Tous les militants présents s'étonnent et donnent leur carte d'identité, pour cette action revendiquée collectivement.

Dès que tous les journalistes attendus sont venus, nous décidons de lever le camp. En arrivant aux véhicules on aperçoit les fourgons qui déchargent les CRS. J'ai à peine le temps de comprendre qu'ils sont sur moi pour m'embarquer. Des militants s'interposent, montrent leurs outils, demandent à être arrêtés mais rien n'y fait. Je me retrouve embarquée avec 3 gendarmes dans un fourgon qui roule à vive allure vers Hallencourt. Le temps est suspendu.

9H30. Je suis placée en garde à vue. Interrogatoire : qu'est-ce que je faisais là ? Dans quel but ? Comment ? Etc, etc....une seule réponse : le silence ! L'adjudant tape plein de choses sur son ordi, me réinterroge, retape ….vu mon refus de répondre, les questions se font plus rares.

12H. Je demande si j'ai le droit de manger, ce n'est visiblement pas prévu, j'ai quand même droit à une barquette réchauffée d'une bouillie indéfinissable. Pour les toilettes je suis accompagnée, porte ouverte, super !

13H. Transfert à Abbeville à un train d'enfer avec 3 gendarmes. J'aperçois quelques manifestants à l'arrivée de la gendarmerie, ça réchauffe le cœur. Je ne sais pas combien ont été arrêtés.
L'interrogatoire recommence. On me dit que si je ne dis rien la garde à vue va durer. On me laisse mon sac pour l'instant, je peux dessiner entre les questions.
Je peux voir mon avocat. Il m'explique que la garde à vue peut durer 24 h. Je commence à comprendre que je dois m'armer de patience.

18H. On m'emmène à une confrontation avec un ouvrier du site qui a photographié 4 personnes en action. C'est comme ça qu'ils ont choisi.

19H30. Convocation devant le substitut du procureur qui me reproche dégradation et vol en réunion. Ma garde à vue est prolongée jusqu'à 9h30 le jeudi.

On me transfère à Hallencourt pour la nuit. On m'ouvre la porte d'un « cachot » (comment appeler ça autrement?) où je réalise que je vais devoir passer la nuit. Un sommier en béton, un « matelas » en plastique de 5 cm d'épaisseur, des couvertures de l'armée, un trou au fond pour les besoins (sans chasse d'eau). On me retire toutes mes affaires. On m'explique que je pourrais me suicider ; j'ai beau expliquer que je ne suis pas du tout suicidaire, que j'ai 4 enfants et 6 petits-enfants, rien n'y fait. Quand la lourde porte se referme sur moi (combien de verrous ? 4 au moins) je suis sous le choc. Je ressens une telle inhumanité. J'aime écrire, lire, mais on ne me laisse rien. Je suis face à 4 murs sales et à un trou. J'ai quelques instants le sentiment que je ne suis plus rien. Il ne s'agit pas seulement de privation de liberté, c'est autre chose ; dans quel but agissent-ils ainsi ? Je pleure un bon coup puis je m'organise pour gérer mon temps : quelques mouvements de yoga, que passer en revue dans ma tête pour que ce temps se déroule au mieux. Je réussis à dormir. Le lendemain matin je demande à faire ma toilette ; ce n'est visiblement pas prévu non plus, on me trouve 2
lingettes minuscules. Pas d'eau.

Jeudi 29 mai 9h. Retransfert à Abbeville. Je comprends que la garde à vue est prolongée de 24h. Je suis blasée. Mais les manifestants sont là, je les entends et je les aperçois même par la fenêtre, ça fait vraiment chaud au cœur. Ils ne désarment pas. Je vois sur les journaux laissés sur le bureau que le porte-parole de la Conf a été arrêté en revenant pour nous soutenir.(J'apprendrai plus tard comment il a été plaqué au sol par les gardes du corps de M. Le Foll et la violence de son arrestation ). Les médias sont bien présents. Entre les questions je dessine : notre ferme, les champs, les vaches, chacune avec son nom et son caractère. Les militants me font porter des sandwichs, trop bien.

Puis c'est la douche froide : ils parlent de me remettre en cellule d'isolement. Je me jette sur la fenêtre et je hurle qu'on va m'enfermer. Les potes en-dessous font le bazar. Ils me ramènent dans ce cachot, je vois les militants postés à la grille. Courage ! 4 heures dans ce cachot, avec rien, enfermée par 2 gendarmes qui ont l'âge de mes enfants. On ne me laisse pas un gobelet d'eau sous prétexte que je pourrais le découper et l'avaler …? ils disent qu'ils ne sont pas psychologues, dommage. Je vais chanter, ma France de Ferrat, des chansons d'amour et de lutte, ça résonne pas si mal ; le temps passe.

Retransfert. Je demande à voir mon avocat qui m'annonce que je serai présentée au juge d'Amiens le lendemain.
Le retour en cellule est une horreur. Je sais que ça ne durera pas, que ce n'est rien comparé à d'autres. Ma tête raisonne mais les larmes coulent toutes seules Je réussis à gérer. Je m'endors mais un abruti me réveille en pleine nuit pour savoir si je vis toujours.

Vendredi 30 mai. Transfert à Amiens. Avant de partir j'offre à certains gendarmes mes dessins, ils ne paraissent pas insensibles. Je comprends qu'on va me menotter. Ils sont sur les dents. Départ donc menottée encadrée de 3 gendarmes armés jusqu'aux dents avec des gilets pare-balles. On part en convoi, sirènes hurlantes, avec 2 motards qui ouvrent la route, ils ont ordre de ne pas s'arrêter. Que doivent penser les personnes qu'on croise ? Que j'ai commis un infanticide ou découpé mon amant en morceaux ? J'essaie d'avoir de l'humour pour prendre du recul !
Arrivée à Amiens je vois mes potes et je lève les poignets dans leur direction ; on me tire à une telle allure dans le palais de justice que je manque tomber à terre. On attend les 5 dans des « cages ». Les gendarmes se marrent entre eux. Je chante.

Verdict : je suis placée sous contrôle judiciaire jusqu'au procès qui doit avoir lieu le 1er juillet avec interdiction de rencontrer mes «complices » sinon c'est la prison immédiatement m'a dit le juge. En clair on nous empêche de préparer notre défense ensemble. Ils ne connaissent pas (et n'aiment pas) l'action collective.

Ainsi l'objectif est clair :
- faire passer individuellement les 5 personnes interpellées pour de dangereux illuminés
- éviter tout débat démocratique et museler les opposants au projet
- orienter l'agriculture vers une industrialisation avec des coûts les plus bas possible

Des campagnes vidées de leurs paysans, sans vaches dans les champs, parsemées de grands bâtiments-usines ! Des scandales sanitaires à répétition, l'eau et le sol irrémédiablement pollués ! (comme c'est le cas pour les rivières de Franche-Comté)
Mais attention : trop de citoyens conscients vivent dans les campagnes pour qu'un tel projet passe. On est bien dans une action collective et pour un enfermé 10 le remplacent.

Que faire ?
- vous pouvez diffuser mon témoignage dans vos réseaux
- adhérez à Novissen, aux amis de la Conf
- vous pouvez envoyer un soutien financier à la Conf pour payer le procès

Gardez votre liberté de penser et d'agir sans vous laisser influencer par les médias dominants. Il faut s'informer au quotidien dès que l'on consomme. On est tous citoyens du monde et responsables !


Dominique Henry
Institutrice et paysanne en retraite


Voilà la pétition de soutien à Dominique Henry qui a refusé un
prélèvement ADN.
Merci de signer massivement si vous êtes éco-responsables et pour le
droit de protestation.
          

http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=SDH2017




dimanche 15 janvier 2017

PAS DE BONNES NOUVELLES POUR LE CIO de BONDY



Pour sauver le CIO de Bondy un rassemblement et une demande d'entretien étaient organisés jeudi 12 janvier.
En voici le compte rendu.


Nous étions plus d'une centaine ce matin devant le rectorat de Créteil.

Le Comité Technique Académique (CTA) a fait connaitre son arbitrage cet après-midi : malgré notre mobilisation, malgré les avancées du Conseil départemental, de la Mairie de Bondy : le CIO de Bondy deviendrait un point d'accueil du CIO de Clichy sous Bois.

Le CIO de Bondy perdrait ainsi son numéro d'établissement (UAI) qui fonde son existence juridique, le poste du directeur du CIO, ses personnels administratifs et son budget propre. Il en serait très précarisé.
Si cette solution était adoptée, il y a fort à parier qu'à brève échéance la fermeture de ce point d'accueil sera annoncé.

Lors de l'audience qui nous a été accordée dans la matinée, les représentantes du rectorat ont fait valoir quelques "arguments" :
- la "carte cible" (= d'implantation minimale des CIO) a pour objectif de "pérenniser" le réseau des CIO.
- Tous les postes des personnels sont maintenus
- Le nombre de CIO "alloués" à l'académie de Créteil est déterminé par la Ministre. La rectrice répartit ces services sur chaque département et territoires pour assurer un "maillage" optimal.
- Dans ce cadre, l'Etat reprend à sa charge 10 CIO en Seine Saint Denis pour lesquels les frais correspondant ont été budgétés pour l'exercice 2017.

M. Omont (FCPE) a remis les pétitions en précisant que les 1 402 signatures obtenues l'ont été en moins d'une semaine, auprès des citoyens bondynois.
Nous avons fait valoir nos arguments :
- Fermer des CIO et en fragiliser d'autres en les transformant en "point d'accueil" n'est pas pérenniser les services d'orientation...
- Fermer un service public de proximité comme le CIO de Bondy et le regrouper avec celui de Clichy, c'est éloigner ce service public de SON public.
Notre mobilisation a permis des avancées importantes :
- le conseil départemental propose de continuer à nous laisser occuper ces locaux à Bondy à titre gratuit,
- la Maire de Bondy a proposé à la rectrice de payer les "fluides" (eau, gaz, électricité...) pour ces locaux.
Puisque le ministère maintient les postes des personnels, la charge non prévue qu'il aurait à supporter ne concerne plus que le budget de fonctionnement : 2 428,00 euros pour l'année 2015...

Les représentants de la rectrice ont bien essayé de nous expliquer qu'il n'était pas seulement question d'argent mais ils n'ont pas été en mesure de nous faire comprendre quels autres éléments étaient en jeu....
Pas plus qu'ils n'ont été en mesure de nous expliquer ce qui parait au mieux contradictoire avec le discours entendu, au pire comme une aberration :
 
- Dans le budget 2017, l'Etat a prévu de prendre en charge 10 CIO du 93 dont 2 pour lesquels le conseil départemental est engagé, par un "partenariat public-privé", à contribuer intégralement au fonctionnement sur plusieurs années.
Le ministère n'aura donc pas à verser les sommes correspondant au fonctionnement de ces 2 CIO. Il en fait donc l'économie. Ces sommes devraient logiquement servir à financer d'autres CIO et à étoffer d'autant la carte cible. Compte tenu du budget dérisoire nécessaire désormais pour le CIO de Bondy, il est difficilement comprehensible que nous n'obtenions pas gain de cause pour le maintenir ouvert avec son statut actuel ....

-Puisque tous les postes sont maintenus par le ministère, le poste de directeur implanté au CIO de Bondy jusqu'à présent va continuer d'exister. Mais sans plus être rattaché au CIO de Bondy, puisque celui-ci sera transformé en point d'accueil et dirigé par le directeur du CIO de Clichy.
Le ministère va donc continuer de payer le salaire d'un directeur qu'il va empêcher d'exercer la mission pour laquelle il est payé.
Il en sera de même de tous ses collègues dont les CIO seront fermés
On n'est plus dans le registre des économies mais dans celui du gaspillage de l'argent public....

Nous avons fait la démonstration ce matin que nous étions capables de nous mobiliser à Bondy. Nous avons redit notre détermination à ne pas accepter l'hypothèse de la transformation du CIO de Bondy en point d'accueil de celui de Clichy et demandé le maintien du CIO de Bondy en l'état actuel avec son statut de CIO de "plein exercice".

Nous continuerons de porter cette revendication jusqu'au ministère dans les semaines à venir.

Merci de diffuser largement ces informations


Nathalie SUTOUR
Conseillère d'orientation-psychologue - CIO Bondy