Arguments pour répondre à la question : Des plantes sauvages en ville...pourquoi ?
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Cymbalaire (Cymbalaria muralis)
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Invités, par l'association Bondy Autrement, pour donner
notre avis et nos propositions à propos des "plantes sauvages" de nos
rues, voici notre intervention du 24 novembre 2023.
Pour rappel : Depuis le 1er janvier
2017, les collectivités ne peuvent plus utiliser des pesticides pour
l’entretien de leurs espaces verts. Pour les particuliers, c’est depuis le 1er
janvier 2019 que leur achat, leur détention et leur utilisation sont interdits
Les
connaissances sur les
effets néfastes de ces molécules sur la santé humaine se
renforcent chaque année, comme en attestent plusieurs expertises collectives
(notamment celles de l’Inserm et
de l’INRAE/IFREMER).
Selon l’OMS, il y aurait chaque année dans le monde 1 million
d’empoisonnements graves dus aux pesticides et environ 220 000
décès.
D’après certaines études
scientifiques, l’exposition
aux pesticides peut entraîner plus de risques de développer la maladie
de Parkinson et d’Alzheimer. Elle entraîne aussi des risques accrus de
lymphome, de tumeur cérébrale, de cancer hormonaux-dépendant (sein,
prostate…), etc.(Sources brochure de Générations futures)En parallèle,
une étude
du CNRS a démontré que l’utilisation de pesticides est la
principale cause de la disparition de 800 millions d’oiseaux depuis 40
ans sur le continent européen, dont près de 60 % d’espèces inféodées
aux milieux agricoles. Pour les insectes c'est encore pire. Arrêter
d’utiliser les produits phytosanitaires est une chose, en accepter les
conséquences en est une autre. Devant ces zones d’apparence abandonnée, de
nombreux habitants des quartiers concernés ont l’impression d’être délaissés
par la ville
C'est, semble-t-il le cas de
certaines ou certains d'entre vous
Vous
n'êtes pas les premiers à vous interroger. Prenons l'exemple de la ville de Rennes.
Peu après le lancement du projet “zéro
phyto”, en 2003, la
ville de Rennes a lancé une étude sur la perception des plantes spontanées,
partant du principe que le problème à résoudre n’était pas seulement de nature
technique mais plutôt de l’ordre des représentations des espaces et de leur
perception. Marie-Jo Menozzi, une sociologue, était chargée de l’enquête.
« À l’époque, “zéro phyto”
était à l’essai dans 2 quartiers (de la Touche et de Bourg-l’Évêque)
», se souvient-elle. Elle interroge les habitants sur leur ressenti à partir de
photographies de pieds d’arbres et d’espaces verts où des “mauvaises herbes”
poussent. Beaucoup perçoivent l’endroit comme négligé et sale, ces herbes ne
sont pas jugées être à leur place, même si certains apprécient le côté sauvage.
Selon la sociologue, ces réactions s’expliquent par notre relation à la nature.
« La nature est tout ce
qui est spontané, sans intervention de l’homme », rappelle-t-elle.
Trop de spontanéité dans l’espace peut entraîner la peur de perdre la maîtrise
de son environnement ou, au contraire, plaire.
Une
impression d’abandon
Devant ces zones d’apparence
abandonnée, les habitants des quartiers concernés réagissent. Résultat : au
début la direction des jardins est submergée par des centaines de lettres de
protestation !
Le changement n’est
pas facile non plus pour les employés des espaces verts, dont certains ont
l’impression de ne pas avoir fait leur travail quand ils repartent en laissant des
plantes derrière eux. Autre frein, l’association des pesticides avec le progrès
qui est une image largement véhiculée par les industriels du milieu. Les
techniques alternatives, comme l’arrachage à la main sont alors vues comme une
régression : « On ne va
pas revenir à l’âge de pierre ! », auraient réagi certains
passants.
La notion de propre évolue
Depuis, le message de
la ville, porté à travers des réunions et des dépliants, semble avoir été
entendu. C’est l’une des conclusions de l’étude débutée en 2008 par Jean-Michel
Le Bot, sociologue à l’Université Rennes 2. Lors d’un projet de recherche sur
les trames vertes urbaines, 96 promeneurs ont été interrogés dans les parcs des
agglomérations de Rennes, Nantes et Angers. Des photographies de pieds d’arbres
à l’aspect plus ou moins sauvage leur ont été présentées. La préférence est
allée aux pieds jardinés ou avec des plantes spontanées. Seuls 19% des
personnes interrogées ont préféré le pied avec un grillage, sans aucune flore.
Un indice que les habitants s’habituent à la présence de plantes aux pieds des
arbres : celle-ci est moins bien acceptée à Angers, où la diminution de
l’emploi des produits phytosanitaires a été plus tardive. « Le désir de propreté est toujours
présent, mais sa notion évolue, estime Jean-Michel Le Bot. Les “mauvaises
herbes” ne sont plus considérées comme quelque chose de sale, tandis que la
non-utilisation de pesticides devient synonyme de propre. »
Aujourd’hui, la direction des jardins reçoit beaucoup moins de courriers au
sujet des mauvaises herbes...
Pour ne pas avoir à les désherber, il
vaut mieux les embellir
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Une violette
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Il suffit de quelques très petits pieds de fleurs ou
graines de plantes rustiques pour métamorphoser le seuil d’une maison ou une partie de notre trottoir.
Initiée dans plusieurs pays du nord de l’Europe, tels les Pays-Bas et
l’Allemagne, mais aussi outre-Atlantique, dans plusieurs grandes villes des
États-Unis, la végétalisation des trottoirs est aujourd’hui une action proposée
par un grand nombre de collectivités en France. Soucieuses de conjuguer
l’urbanisation et la nature, ces petites communes ou grandes villes offrent la
possibilité aux habitants de s’approprier l’espace public pour jardiner. Les
habitants deviennent ainsi des acteurs impliqués dans l’embellissement de leur
rue, de leur cadre de vie, en complémentarité avec les aménagements publics.
Ainsi en vous promenant à Lille, Paris, Rennes ou encore Angers, vous pourrez
profiter de ces mini-jardins de trottoirs, aussi divers que variés. La mise en
place de gestion différenciée par les collectivités, permet à la végétation
spontanée de reprendre peu à peu sa place en milieu urbanisé, entraînant ainsi
un enrichissement de la flore et de la faune.
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Plante échappée d'un jardin qui décore agréablement le trottoir
A Bondy, il y a plus de 10 ans
le CCQ du Mainguy avait lancé des opérations de
plantation au pied des arbres. Cette initiative avait été reprise
officiellement par la mairie par l'ancienne équipe et poursuivie depuis
(semble-t-il ??), quelques réalisations pour retirer du bitume sont louables (devant
la médiathèque par exemple, seul bémol, l'éclairage nocturne inutile et
énergivore et nocif pour la faune nocturne)
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Plantation par un riverain au pied d'un arbre
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Changeons
notre regard, ouvrons nos yeux ! Laissons nos spontanées pousser et coloniser
nos cours d’immeubles et nos jardins, les volubiles grimper sur nos murs et nos
balcons…
Voici
quelques avantages
1) Apporter de la biodiversité dans
nos rues
Le maintien de la biodiversité ne
concerne pas seulement les réserves et les parcs naturels. Les surfaces des
jardins de particuliers représentent un million d’hectares contre 350 000 pour
les réserves naturelles. Nous, particuliers et collectivités, avons donc un
rôle important à jouer. Cette nature, dite ordinaire, est essentielle et
contribue intégralement au bon fonctionnement des écosystèmes. L’enjeu de sa préservation et de son
développement est un gage d’équilibre pour nous et pour les générations à
venir.
Les
végétaux sont à la base des chaînes alimentaires. Ainsi en accueillant des
plantes sur le trottoir, c’est aussi toute une petite faune qui apparaîtra
(abeilles, papillons, coccinelles...), entraînant ensuite l’arrivée de leurs
prédateurs (oiseaux, mammifères...). Le trottoir devient alors un lieu de vie,
un "micro-habitat", répondant aux besoins alimentaires de tous ces
animaux
2)
Pour réguler les températures et la pollution
En période estivale, la
réverbération sur des matériaux urbains (ciment, béton, asphalte, dalles...)
contribue à augmenter les températures. L’installation des végétaux sur les
murs des façades permet de réduire considérablement la réverbération. De plus,
le feuillage des végétaux maintient un certain taux d’humidité, et rafraîchit
l’air. Des études montrent que, en période estivale, les températures urbaines
sont supérieures d’au moins 5°C par rapport aux zones environnantes, ce que
l’on appelle l’effet d’îlot de chaleur urbain. Outre les fortes chaleurs, la
pollution de l’air est un problème important surtout dans les grandes
agglomérations. Les végétaux ont la particularité de pouvoir fixer les
poussières atmosphériques en les piégeant à la surface de leurs feuilles et de
concentrer dans leurs tissus certains polluants. Ils peuvent également stocker
du carbone émis par les gaz d’échappement.
3)
Pour limiter l’imperméabilité des sols !
L’imperméabilisation
des surfaces engendre un ruissellement important de l’eau de pluie. Les
systèmes de gestion des eaux débordent souvent. Sur les surfaces végétalisées,
l’eau de pluie est absorbée par le substrat, son écoulement est également
ralenti par les feuilles des plantes sur les bâtiments. Les racines, les tiges
et les feuilles de ces plantes vont aussi capter et stocker les polluants
contenus dans l’eau. La qualité de l’eau qui rejoint les cours d’eau s’en
trouve alors améliorée.
Le
sol est à l’origine du monde, car il le porte, le nourrit ,et le protège. Il
est construit par sa biodiversité, qui représente 25 % des espèces
connues. Il fourmille d’animaux et de
microbes qui vivent et se nourrissent de façons très variées : cette
diversité assure tout simplement…..le fonctionnement des écosystèmes terrestres. Le sol fait aussi la fertilité des
océans, régule le cours des rivières et modifie le climat. C’est une puissante
et étonnante construction du monde vivant. Hélas ! Méconnaissant le sol,
qui nous paraît opaque et sale, nous l’avons endommagé depuis des millénaires.
Urbanisation, agricultures inadaptées ? Salinisation,
pollution…..l’empêchent d’assurer ses services inestimables et il disparaît
sous nos yeux par érosion.
Une équipe de microbiologiste au sein du
laboratoire LAMS (Laboratoire d’analyse
microbiologique des sols ) nous alerte sur les sols qui se dégradent
très vite avec les
traitements chimiques à répétition. Le taux de matière organique
diminue, la microfaune n’a plus rien à manger et meurt. Or c’est elle qui remonte la magnésie, la
potasse ou le calcium, les éléments nutritifs du sol, donc des plantes. Le sol
est composé par sa faune et par ses champignons, soit deux-tiers de sa
microflore. Ils font l’humus (dont le taux est passé de 4 à 2 % en 30
ans) et attaquent la lignine, la molécule la plus synthétisée par les plantes.
La chimie du sol se dégrade à son tour, les argiles ne sont plus attachées et
c’est l’érosion, les sols partent dans les cours d’eau, puis vers la mer. C’est
perdu.
Les questions que vous pouvez vous poser
Les
végétaux amènent de l’humidité ?
Au
contraire, l’eau sera absorbée par les végétaux installés. D’autant que
beaucoup de revêtements de façade, tel le ciment, emprisonne l’eau dans les
murs, les végétaux contribuent donc à assainir les maisons. Le feuillage des
plantes assure en plus une protection contre les pluies battantes.
Les
plantes nécessitent beaucoup d’entretien...
Un
entretien régulier s’avère plus efficace et moins chronophage. L’espace étant
limité, l’entretien le sera aussi. Par ailleurs, les plantes locales sont
adaptées à nos sols et nos climats, et donc moins fragiles que les espèces
exotiques.
Les
plantes abîment-elles les murs ?Il
faut bien choisir les végétaux. Certaines plantes grimpantes ont besoin de
support, et de ce fait ne touchent pas les murs. Par ailleurs, certaines plantes aux racines
incrustantes (ex. lierre) n’abîment le mur que s’il est en mauvais état ou en
matière naturelle (terre, chaux).
Les
petites bêtes seront attirées Certainement,
mais elles attireront aussi leurs prédateurs. Et cette présence contribue au
retour de la nature, en créant des micro-habitats.
Exemple
: chaque espèce de papillon est dépendante d'une plante, les chenilles du
Machaon par exemple se trouvent sur le fenouil, les mésanges, elles, se
nourrissent de chenilles....
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Chenille de Machaon sur un fenouil
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Toutes les photos de fleurs ont été prisent dans les
rues de Bondy
Pour aller plus loin :
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Découvert (après notre intervention) à la médiathèque de Bondy
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Livres de botanique
Sauvages de ma rue : Pour déterminer facilement les plantes les plus fréquentes rencontrées sur les trottoirs
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Voir aussi les sites de Vigie Nature et Vigie Nature École
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Flore des friches urbaines : Plus complet que le précédent (258 espèces décrites) ce livre ravira les passionné-e-s de botanique.